L’esprit du débutant est un des 7 piliers de la pleine conscience comme, nous l’avons vu, le-lacher-prise, la-confiance-en-soi, l’acceptation, et la-patience. Une nouvelle fois, il est essentiel d’extrapoler ces postures émotionnelles, vivement conseillées au quotidien, dans le monde du travail afin de prendre le recul suffisant et salvateur face à nos pensées et nos actions. A ce titre, Alexandre JOLLIEN, philosophe contemporain, aime à parler de la non-fixation des choses, en signifiant que les événements aussi difficiles soient-ils, ne doivent pas rester, se cristalliser et entraîner des déflagrations émotionnelles délétères pour nous et nos relations aux autres.
Garder l’esprit du débutant en est la clef. Une méditation de l’esprit du débutant vous attend sur ma chaîne YouTube.
Qu’est-ce que cet esprit du débutant ? Adopter l’attitude mental d’un débutant signifie qu’au lieu de réagir aux situations de façon habituelle, avec notre pilote automatique qui s’inspire du passé, il est préférable de tenter de voir la réalité sous un autre jour, hors des interprétations anciennes et des freins mentaux inconscients. Nous sommes ainsi faits que notre lecture du présent est colorée de nos expériences précédentes. Cela est dû au fonctionnement de notre cerveau. L’hippocampe, zone des souvenirs, a pour fonction de réguler nos émotions, qui elles-mêmes font activer notre amygdale, notre alarme interne. Et, pour ce faire, il ne connaît pas de meilleure solution que de rechercher dans notre histoire personnelle des événements similaires qu’elle peut nous remonter à la surface pour gérer celui en cours.
Pourtant, aucun moment n’est identique à un autre. Chacun est unique avec ses ressorts et son contexte. Chacun peut nous offrir de nouvelles occasions d’explorer nos potentiels qui sont, en réalité, immenses. En réitérant sans cesse les mêmes comportements, ne nous étonnons pas de nous retrouver devant les mêmes conséquences et de nous sentir emprisonnés dans un cercle épuisant. Einstein disait d’ailleurs : vous ne pouvez pas utiliser une ancienne carte pour explorer un nouveau monde. Le présent est force de propositions et ouvre toutes ses possibilités extraordinaires même cachées sous des situations anodines.
Pour reprendre la métaphore de l’exploration, La carte n’est pas le territoire en PNL (Programmation Neuro-Linguistique) est un concept très important et fait partie des présupposés de l’homme. Chaque personne possède sa propre vision du monde, et celle-ci est donc différente d’un individu à l’autre. Il y a un seul territoire mais une infinité de carte : la carte n’est pas le territoire. Et, au sein même de cette carte personnelle que chacun possède, il y a encore de multiples chemins à emprunter. C’est un vrai réseau routier qui s’offre à nous. Il est toujours enrichissant de prendre des sentiers moins familiers et qui changent des autoroutes connues. Certes, celles-ci nous dispensent de regarder la carte, mais ne nous apprennent plus rien sur nous-même et les autres. Le trajet pour arriver à notre objectif n’a plus aucun intérêt.
Prenons un exemple concret. Face à une difficulté à gérer, disons par exemple, un conflit avec un collaborateur qui s’est fait royalement remarquer au cours d’une réunion en prenant la parole à la volée et en insultant son collègue pour se dédouaner du retard dans son propre travail, le chemin mille fois connu serait, pour le manager, de :
1. sortir de ses gonds en cours de réunion,
2. lui demander de sortir immédiatement,
3. le convoquer à l’issue de la réunion pour un entretien de recadrage
Alors que cette difficulté managériale peut tout à fait être visitée sous un angle nouveau, sur le fondement d’une acquisition et d’une assimilation des différentes postures émotionnelles précédemment repérées ensemble.
En réalité, un autre sentier peut être exploré sur la carte personnelle du manager en partant d’un esprit de débutant et en considérant que le collaborateur, non habitué à ce type de comportement, peut avoir des raisons contextuelles à avoir perdu le contrôle de lui-même dans pareille circonstance. La punition n’est probablement pas la réponse immédiate à prévoir et le lien avec le reste de l’équipe est certainement à maintenir comme une priorité pour le chef de service.
Les actions suivantes pourraient alors être envisagées par ce dernier :
1. lui rappeler en réunion qu’un tel comportement est inadapté et non constructif et qu’il n’a pas sa place
2. lui demander donc de cesser immédiatement un tel discours et de retrouver son calme
3. l’inviter, rapidement à l’issue, à venir dans son bureau pour expliquer ce qui le met dans un tel état de colère
Toujours en PNL, une autre notion est celle d’intention positive qui sous-tend que, derrière tout comportement quel qu’il soit, aussi inadapté soit-il, il y a la recherche de quelque chose d’important et de valable aux yeux de la personne qui en est la cause. Un besoin est à satisfaire. Au manager de trouver lequel est-ce, sans avoir l’automatisme de la sanction. Là est l’opportunité de la situation et une manière nouvelle d’appréhender un sujet managérial pas si inhabituel que ça.
N’est-ce pas plus responsable et adulte (au sens de l’Analyse Transactionnelle) afin d’éviter de rompre le lien avec cet agent et de l’inviter à s’expliquer pour mieux comprendre ce débordement émotionnel ? L’esprit du débutant, appliqué en entreprise, est bien ce regard neuf sur la situation professionnelle qui fait basculer un réflexe, une réaction automatique, en décision nouvelle et pro-action. C’est une façon de ne plus être pieds et mains liés par nos habitudes et nos émotions et de reprendre notre autonomie et notre libre-arbitre.