Cette expression est très courante et employée pour dire tout et n’importe quoi. En réalité, lâcher prise n’est pas autre chose qu’une façon d’exprimer un besoin d’abandonner le mode « faire » pour lui préférer le mode « être ». Le cerveau ne connaît en effet que ces 2 modes. Mais, il ne peut pas simultanément être dans les deux. C’est pourquoi, quand nous faisons fonctionner le premier, c’est-à-dire quasi en permanence, nous n’exploitons jamais les potentiels du second.
Or, le mode « faire », face aux émotions difficiles, n’est pas la solution et a même des effets délétères sur le long terme. L’action, dans pareille situation, face à une colère par exemple ou à une angoisse, est une manière d’éviter de vivre l’émotion et, par conséquent, de la nier. En voulant calmer ma colère face à une injustice ressentie par une décharge de paroles (ou un mail salé que l’on appelle communément un skud) sur celui que l’on rend responsable de celle-ci peut faire du bien sur le moment, je l’avoue volontiers, mais cela ne fait qu’amplifier l’émotion de départ et peut même entraîner une chaîne de réactions encore plus néfastes. C’est plutôt une stratégie d’un autre temps, du type « oeil pour oeil, dents pour dents », le retour à la loi du talion. Si on reste accroché à l’émotion ressentie, on fait de l’hyper-focalisation totalement inutile. La résistance entraîne, à coups sûrs, l’épuisement et la tension nerveuse et physique.
En mode « être », nous ne sommes plus sous l’emprise du pilote automatique et de notre amygdale qui contrôle tout dans notre cerveau. Je vous en ai déjà parlé dans un précédent article. L’amydgale est notre gyrophare qui se met à retentir et à s’allumer face à une émotion désagréable qu’elle estime comme menaçant l’organisme. C’est donc une zone essentielle au décodage des émotions qui remonte à notre origine. C’est ce que l’on appelle le cerveau reptilien. Si l’on choisit le mode « faire », notre amygdale passe au rouge et s’engage alors une réaction purement automatique de résolution de l’événement par une réponse combat ou fuite, repérée par le physiologiste américain Walter Bradford Cannon. Il y a même une 3ème alternative qui est la tétanie : les 3F fight – flight – freeze. Après l’action, le système nerveux parasympathique joue son rôle de retour au calme. Le souci est quand on est en permanence dans ce circuit d’urgence du fait du stress accumulé. Le gyrophare reste allumé et ne s’éteint jamais en épuisant les ressources naturelles du corps.
Le mode « être » consiste à prendre du recul face à la situation, à lâcher prise sur l’événement, à pratiquer régulièrement la pleine conscience et, associé à l’exercice d’une activité physique à raison de 30 minutes/jour, il agit sur les canaux neuronaux et favorise le déclenchement d’un circuit long dans le cerveau en activant le cortex préfrontal (qui, à l’inverse, est inhibé dans un réflexe reptilien), siège de la raison et de l’activation sensorielle. Ce sont des pas de côté qui favorisent la détection en soi des signaux des émotions dans notre corps avant même qu’elles nous submergent et réussissent une chose formidable qui est le recentrage, le retour à l’équilibre, ce que le même médecin outre-Atlantique a appelé l’homéostasie (la capacité d’un organisme à maintenir son équilibre physiologique interne malgré les contraintes extérieures).
Je vous propose une méditation sur le thème du lâcher prise sur ma chaîne Youtube Emotions-et-Solutions