Dis-moi comment tu as tendance à réagir au stress et je te dirai quel collaborateur ou manager tu es ! Cela vous étonne ? Et pourtant, l’interaction des 2 est flagrante et a été expliquée par Didier HAUVETTE, consultant depuis une trentaine d’année et spécialiste de la gestion des tensions au travail. Notre réaction au stress est purement reptilienne. C’est notre pilote automatique du côté du cerveau qui se met en alerte rouge lorsque l’on est confronté à une émotion forte. L’amygdale s’allume et notre hippocampe comprend le message en mettant en mouvement la partie la plus ancestrale de l’être humain pour le protéger et lui faire dépasser cette émotion de la façon la plus efficace qui soit : en ressortant les vieilles habitudes, les anciennes expériences bien classées dans notre mémoire
Mais comment ce stress peut-il avoir des finalités positives et favoriser le développement de nos qualités ?
Ce spécialiste des émotions, qui parle d’un chi émotionnel que nous avons tous et qu’il est essentiel de savoir libérer et cultiver, nous explique que notre potentiel énergétique n’est pas utilisé à 100% car nous construisons des murs de protection autour de nous, afin de dompter ce chi (énergie) qui fait peur. Pourtant, il au contraire notre force puisqu’il favorise la construction de notre personnalité émotionnelle.
Lorsque nous sommes confrontés à un stress, nous avons 3 réactions automatiques possibles qui reprennent le fameux processus fuite/combat/blocage :
- l’agitation
- l’agressivité
- la tétanie ou le repli
Pour s’en convaincre, repensez à une situation personnelle professionnelle dans laquelle vous vous êtes senti tout d’un coup pris en étau par un stress montant. Ce peut être la sollicitation de votre supérieur à prendre la parole en réunion pour exposer votre point de vue, la remarque déplacée d’un collègue qui critique votre travail ouvertement, ou encore la décision qui vous tombe dessus d’un licenciement probable. Chacun de nous va réagir différemment selon divers paramètres qui n’appartiennent qu’à nous : notre capital inné, notre éducation, notre environnement social, nos expériences. Mais, ce sera, de toute manière, l’une des 3 réactions citées :
– soit vous vous emporterez à la montée du stress pour faire diversion et vous positionner en mode combat,
– soit vous vous décomposerez démuni face à ce qui vous arrive en cherchant à disparaître très loin,
– soit vous remuerez ciel et terre pour éviter de vous confronter à l’initiateur de ce que vous percevez comme une attaque (c’est alors la recherche d’un responsable collatéral, d’un ennemi caché).
Il est important de connaître notre « dinosaure » intérieur, celui qui ne sait parler qu’avec notre cerveau limbique, pour anticiper nos réactions et savoir le dompter en le rassurant purement et simplement. Je vous ai exprimé, dans 2 autres articles, tout le bien que je pensais de la respiration et de la méditation afin de nous donner les clefs en pareille situation pour prendre le recul suffisant et ne pas se faire attaquer et manger tout cru. Cette mise à distance est d’autant plus nécessaire que ces émotions, qui peuvent paraître encombrantes au 1er abord, vont colorer notre identité comportementale, même en situation normale. En effet, notre personnalité émotionnelle influe directement et positivement sur notre comportement professionnel.
- L’agité en cas de stress développera des qualités appréciables de créativité et d’innovation et sera assurément un bon communicant car il est enthousiaste et passionné par essence – son agitation en zone de perturbation lui aura donné un esprit curieux, volontaire et ouvert aux autres car c’est celui qui a mille idées à la seconde
- L’agressif en cas de stress sera celui qui déplace des montagnes en raison de sa combativité et de sa capacité à lutter, développée par la force des choses, en période incertaine – Ce sera un collaborateur persévérant et « qui en veut », qui n’a pas peur des obstacles, et qui fonctionne plutôt au défi à relever
- Le tétanisé développera des qualités de réflexion et d’observation face à des difficultés à surmonter car il est posé dans ses prises de décisions et fonctionne davantage avec la tête qu’avec le corps – ce n’est pas un homme d’action ou de communication forcément mais il est apprécié pour sa prise de recul sur les événements car il sait garder la tête froide en toutes circonstances et, pour une entreprise, ce peut être une qualité primordiale.
Vous percevez la richesse que nos émotions peuvent nous donner ? Alors, bien sûr, nous ne réagissons pas forcément toujours de la même façon face à un stress et nous rentrer dans une catégorie serait un peu facile, comme toutes les tentatives de processus managériaux qui ont pour bout de simplifier la gouvernance des femmes et des hommes, mais je trouve quand même qu’il y a une tendance intéressante à percevoir en nous. Cela j’y crois et je trouve que c’est un mode de meilleure connaissance de soi à ne pas négliger ou à balayer d’un revers de main trop rapidement.
Sur le même registre, existe le modèle DISC qui a pour objet d’identifier 4 types de tendances de personnalités, au travail comme dans la vie, qu’il est bon de connaitre pour expliquer les conséquences parfois de nos actes ou de ceux des autres. L’idée est la même : chacun réagit avec sa couleur émotionnelle sans qu’il ne s’en rende forcément compte. La méthode DISC identifie précisément 4 couleurs correspondant à 4 profils existants chez chacun de nous mais selon des proportions variables : le dominant rouge (notre agressif), l’influent jaune (notre agité), le consciencieux bleu (notre tétanisé), puis un 4ème, le stable vert qui, d’après sa carte émotionnelle, apprécie la cohérence et peut combattre pour une cause avec obstination. Il s’applique à être sérieux et fiable. Il peut être timide dans sa façon d’aborder les autres.
Quel serait son profil en temps de stress à celui-ci s’il est ni agité, ni agressif et ni bloqué ? C’est peut-être l’équilibré, le profil de la tempérance, que nous avons tous en nous. C’est la quadrature du cercle finalement. Le choix de sa couleur verte n’y est d’ailleurs pas pour rien. Il représente un mix des 3 autres profils mais en juste proportion. En zone perturbé, face à une émotion forte, il sait prendre du recul, agir avec respect si nécessaire pour faire valoir son avis et sa position, tout en percevant la force du silence qui n’est pas une résignation ou une renonciation lâche.
Pour conclure, vous constaterez, une nouvelle fois, (je me suis donné la mission de vous convaincre par ce blog), qu’il est inutile d’opposer émotions et performance, en considérant que les premières vont à l’encontre de notre confort professionnel en nous réduisant à nos réactions automatiques aléatoires. Au contraire, chaque émotion, aussi désagréable soit-elle, ici nous avons vu le stress (un mélange de colère et de peur du point de vue des effets physiologiques), est là pour nous apprendre davantage sur nous. Pour peu que nous les écoutions, elles peuvent même nous aider à mieux nous comprendre et à devenir meilleur vis-à-vis de l’autre ! Etes-vous convaincu qu’il n’y a en conséquence pas d’émotions négatives ou positives mais qu’elles sont toutes instructives ?