Je vous ai parlé de l’énergie de nos émotions et de la façon de la repérer, de l’observer puis de la réguler en fonction des situations auxquelles on peut être confronté au travail dans lobservation-de-mon-humeur. Le principe à retenir est en effet qu’il y a toujours une solution face à une émotion désagréable qui se manifeste. Et, la façon d’agir (et non de réagir) est une qualité de plus en plus recherchée en entreprise. C’est ce que l’on appelle la flexibilité émotionnelle, l’une des composantes de l’intelligence émotionnelle qui, encore plus que l’intelligence rationnelle, renforcée par le cumul des savoirs et des connaissances, est un gage précieux d’épanouissement professionnel et surtout de sérénité. Comme le corps que l’on apprend à détendre, nous pouvons aussi assouplir nos réactions émotionnelles pour ne plus les combattre et créer une rigidité néfaste et douloureuse.
La flexibilité émotionnelle est la capacité à percevoir les émotions comme un atout et non plus comme un frein à la performance ou même une tare à cacher et à inhiber dès qu’elles apparaissent. Comment en faire un plus qui, au contraire, nous distinguera et fera de nous, manager ou collaborateur, une personne à part bien dans ses baskets ?
Il y a toujours un message derrière une émotion qui nous permet de performer, de mieux se connaître et de ressortir plus fort non pas physiquement mais sur le plan de l’estime de soi. Cette souplesse gagnée sur ses émotions rejaillit automatiquement sur les autres en raison de la confiance retrouvée et de la sécurité intérieure qui s’ensuit. Prenez, par exemple, la situation suivante : vous avez très peur à l’idée de prendre la parole lors d’une prochaine réunion, vous savez que vous rougissez, que vous perdez vos moyens en cherchant vos mots et même en tremblant. Votre peur est que tout le monde s’en rende compte et que cet événement ait des conséquences déplorables sur votre renommée et votre capacité à atteindre un objectif. La raison première de cette forte émotion est le fait de se concentrer sur soi et sur ses faiblesses et la volonté absolue de les cacher. A la peur s’ajoute alors un sentiment de solitude et un enfermement émotionnel.
Or, en adoptant une posture plus souple et légère et surtout en se focalisant non plus sur soi mais sur son auditoire et sur le message à passer, l’émotion sera alors assurément moins forte. Une solution que j’applique souvent est celle de l’humour, mode d’expression léger par excellence. Débutez par un sourire engageant, qui, par la même occasion, sera un message chimique de réconfort à votre corps, et vous vous démarquerez par la relation bienveillante que vous créerez immédiatement avec les autres. L’action met le stress à terre et le neutralise. Les mots sont les instruments de cette neutralisation. La relaxation corporelle est aussi un 2ème point d’entrée vers la flexibilité. Si le corps est tendu, il ne pourra pas transmettre au cerveau un message de calme. Etre assis ou debout sans tensions, le dos droit, les jambes décroisées, la poitrine ouverte est la meilleure manière de réguler ses émotions et d’aligner le corps, le cœur et la tête. La médecine chinoise dirait que c’est une question de respect de notre flux énergétique, ce cours d’eau qui coule en nous et auquel il faut veiller pour nous rendre compte de notre état interne.
Certaines personnes versées sur les sciences humaines et le développement personnel vont même jusqu’à annoncer, de but en blanc, en début de prise de parole, qu’elles sont nerveuses, qu’elles ont besoin de l’indulgence et de l’empathie du public. Les choses sont dites et l’ambiance est tout de suite plus douce et apaisée. J’en ai été témoin. Il s’agit d’un modèle d’acceptation de sa sensibilité et de sa vulnérabilité car pourquoi cacher son trouble alors que, finalement, tout le monde le ressent face à pareil exercice ou l’a déjà ressenti au moins une fois ? Moi, c’est l’improvisation théâtrale et le théâtre qui m’ont fait beaucoup de bien. Savoir que l’on peut se retrouver devant les autres sans texte et sans préparation et s’en sortir grâce à une posture corporelle et à quelques conseils d’estime de soi est un vrai soulagement et une vraie force. Ne plus se focaliser sur son intervention et sur le regard jugeant que l’autre peut poser sur nous mais à l’inverse se concentrer sur lui et sur la bienveillance qu’il possède et sur le message authentique à passer est la posture gagnante.
La solution est bien l’accueil inconditionnel (ce qui signifie sans jugement) de l’émotion sans essayer de la contrer. il ne s’agit pas non plus d’influencer le processus émotionnel mais, au contraire, de repérer ce que l’on ressent et de nommer l’émotion puis de comprendre le besoin qui est sous-jacent pour y répondre. La peur est souvent la manifestation de 3 types de besoins cumulatifs ou non :
- le besoin d’inclusion et d’appartenance à un groupe. C’est la solitude qui se cache alors derrière la peur
- le besoin de contrôle et d’influence sur les autres. C’est cette fois la perte de repères et l’incertitude qui se niche
- le besoin d’ouverture et de chaleur. On est alors face à une peur d’abandon et de rejet.
Pour conclure, la flexibilité émotionnelle consiste à établir une relation de confiance avec les émotions que nous vivons. Alors, vous y penserez lors de votre prochaine intervention orale ?