Vous connaissez peut-être l’adage selon lequel avec un chef, on obéit, avec un manager, on réfléchit, et avec un leader, on grandit ? Je le trouve tellement vrai et particulièrement significatif de situations professionnelles que l’on vit tous dans nos sphères respectives. Nous sommes à l’heure d’une révolution culturelle en matière de management et de vision de la hiérarchie, notamment du fait des aspirations radicalement différentes de la génération Y (née entre 1980 et 1990), qui a une vision bien plus collaborative du travail et recherche l’enthousiasme et les émotions au quotidien. Mais, en réalité, ce n’est pas l’apanage de cette seule tranche d’âge, aujourd’hui, en entreprise, que de rechercher de l’inspiration, de l’engagement et des vibrations positives auprès de son supérieur hiérarchique. C’est même naturel.
Qu’est-ce qui caractérise un leader émotionnel et positif par rapport à un autre ?
Tout d’abord, un leader, à la différence d’un manager, ne réfrène pas ses émotions au travail et en fait plutôt une richesse au service de ses collaborateurs. Etant donné qu’il se concentre davantage sur son équipe, sur le projet et, seulement après, sur lui-même, il est altruiste et bienveillant en faisant de la confiance la priorité dans ses échanges.
Il est enthousiaste et optimiste, ce qui donne du sens aux autres, en les encourageant dans une dynamique positive de développement de leurs compétences. On ne demande pas à un leader d’être meilleur que tout le monde, de savoir tout, d’être un super-héros, mais d’incarner en ayant la tête sur les épaules, les pieds bien ancrés et aussi les yeux tournés vers le ciel (et les idées innovantes). Lorsque l’on interroge les gens sur ce qu’ils recherchent chez leur manager, ce sont bien des qualités de bienveillance, de communiquant ouvert et transparent et de facilitateur qui sont cochées. On est loin de qualités liées à l’intelligence supérieure… même si on suit davantage un manager qui en a dans la caboche qu’un autre qui semble ne rien comprendre. Ce sont bien des qualités émotionnelles qui sont plébiscitées.
Comment se comporte-t-il avec ses collaborateurs ?
Un leader doit aussi être sincère, authentique et aligné avec ses valeurs profondes mais aussi celles qu’il véhicule dans l’entreprise. Il pense, il dit et fait sans détour et chemin sinueux ou de traverse. Rester cohérent et authentique, c’est possible. Penser comme un leader, c’est aussi traduire ses objectifs en émotion et son émotion en action. Des messages véhiculés simplement en parlant à la tête, c’est-à-dire tournés vers l’intellect et basés sur des buts rationnels de délais, de performance et d’efficacité commerciale ou financière, ne portent pas les mêmes fruits et n’emportent pas autant les foules que la communication qui vise le cœur de ces interlocuteurs et qui leur donne envie en suscitant énergie et enthousiasme. Rappelez-vous la nature de certaines réunions qui vous ont embarqué et souvenez-vous pourquoi elles vous ont motivé ? Il est fort à parier que leur pilote a tenu un discours qui vous a touché, qui a parlé à votre cœur. Un langage transparent, bienveillant, et empathique, en est la clef. L’envie de se mettre en mouvement et de prendre part au projet en est souvent le résultat parce que le leader se connecte avant tout à son auditoire et ne cherche pas à répondre à ses seuls objectifs, tournés autour de son nombril.
Pensons au discours de Martin Luther King « I have a dream » et son art de l’éloquence et de la métaphore pour émouvoir et raviver l’expérience personnelle de chacun. Les émotions sont exacerbées, le plus souvent, comme le combat des idées, la lutte contre un ennemi, à l’image du Général de Gaulle, à Londres. La force de la persuasion est aussi une caractéristique des discours de leaders. Ils n’ont pas besoin de convaincre car ce sont leurs idées qui parlent d’elles-mêmes et qui inspirent. Le leader émotionnel et positif est assertif et attentif en toutes occasions aux émotions de son équipe. Il ne cherche pas à les éviter, en cherchant la paix sociale à tout prix, et en laissant pourrir des conflits à cause de sa peur de s’y confronter. L’écoute active est donc essentielle pour un manager qui se veut leader. Ce n’est pas une posture qui se décrète. Elle suppose un engagement personnel du supérieur, déterminé à impulser et à mener ses collaborateurs vers la réussite, comme un chef d’orchestre qui conduit les musiciens vers l’harmonie et la coopération positive. Contrairement à ce qui est souvent écrit, il ne faut pas confondre charisme et égocentrisme. Le leader possède un charisme, c’est certain, mais son égo est équilibré et parfaitement positionné. C’est son altruisme qui justement lui évite cet écueil. Selon moi, c’est même le critère déterminant pour repérer la supercherie et l’imposteur. Un supérieur charismatique qui ramène à lui les réussites collectives et qui oublie de remercier ses équipes en public, n’est pas un leader !
Enfin, par sa créativité et son imagination, le leader est aussi et surtout une femme ou un homme de décisions. Ne pas non plus confondre qualités émotionnelles et naïveté. L’ouverture qui le caractérise ne l’empêche pas d’avoir le dernier mot et de contrôler le travail effectué. Il ne s’enferme pas par la façon dont un problème est posé. Et, même s’il concerte, donne la parole, fait participer, il n’oublie pas de reformuler pour trouver in fine LA solution souvent alternative, la fameuse 3ème position, qui sort du manichéisme du « ou/ou ». Ce n’est pas, par exemple, livrer dans les temps ou perdre un client. Ce serait plutôt ouvrir le champ des solutions en imaginant que le client peut comprendre, grâce à un argumentaire travaillé et empathique, le retard dans la livraison, occasionné par l’avarie de matériel. Une contrepartie commerciale est enfin envisageable afin de fidéliser ce client qui subit un préjudice ponctuel. Voir plus loin est la posture que l’on attend du leader positif.
Ca s’apprend le leadership émotionnel et positif ?
Là où la démonstration des qualités émotionnelles du leader est encore plus flagrante est que tout manager n’est pas en mesure d’en devenir un car ce ne sont pas des compétences qui s’acquièrent en formations sur la base d’une boîte à outils à mettre en pratique sur le terrain selon qu’il faille distiller un peu de bienveillance, un peu de confiance ou un peu d’assertivité. Un leader positif s’incarne par sa seule présence et par ce qu’il dégage. Il possède les qualités décrites intrinsèquement. C’est d’ailleurs d’abord sa personnalité qui transcende sa fonction. C’est parce qu’il est empathique, optimiste et ouvert dans la vie qu’il le sera aussi en tant que manager d’équipes. Cela ne s’improvise pas.
Nelson MANDELA, leader à plus d’un titre, a dit qu' »un bon leader peut s’engager dans un débat de manière franche et approfondie, sachant qu’à la fin, lui et l’autre partie, doivent être plus proches, et ainsi sortir plus forts. Vous n’avez pas cette idée lorsque vous êtes arrogant, superficiel et mal informé. »