Je vais faire ce que j’aime faire, à savoir un lien entre les principes de la pleine conscience en méditation et le monde du travail. Et la notion d’acceptation est la parfaite occasion de créer ce pont trop rarement fait entre ces deux rives. Pourtant, si la pleine conscience est mise en avant et plébiscitée par nombre de spécialistes pour un épanouissement personnel dans sa vie privée, elle n’est pas si fréquemment et facilement identifiée comme un levier exceptionnel de résilience au travail. Je vous ai déjà, dans un autre article, mon-reflexe-meditation, vanté les mérites de la pratique du souffle et de la méditation pour une observation de son corps et de ses pensées afin de s’en détacher et de ne pas se laisser envahir par ses troubles. Vous trouverez d’ailleurs une méditation de l’acceptation sur ma chaine Youtube dédiée à la pratique de la pleine conscience.
Ici, je vous propose d’aborder la notion d’acceptation qui, en tradition zen, signifie accueillir ce qui est là, ce qui est arrivé et ce qui arrive à nous, sans chercher à l’effacer ou à vouloir en contrôler les effets s’ils ne sont pas à notre portée et dépendants de notre action. Cette nuance est essentielle car l’acceptation ne doit pas être confondue avec la résignation ou le défaitisme. Ce n’est pas tout prendre de front et se laisser contrôler par les autres ou les événements. C’est au contraire faire la différence entre ce qui se trouve dans notre sphère d’action et ce qui ne l’est pas. Là est toute la subtilité. Nous avons souvent tendance à considérer, surtout quand on a un profil « je veux être parfait(e) », que tout appartient à la 1ère catégorie et que, par conséquent, tout événement requiert une action de notre part pour pouvoir en maîtriser tous les contours et garder la main, le pouvoir. Cela vous parle ?
C’est épuisant parce que ce n’est pas réaliste et réalisable et c’est tomber dans la compulsion. Agir absolument sous le coup des émotions n’a jamais été une méthode gagnante. Accepter demande finalement d’entrevoir les nouvelles possibilités que la situation met devant nous, avec discernement et réflexion. C’est choisir ou non de changer ce qui vient de se produire, après avoir observé tous les tenants et les aboutissants d’une réponse éventuelle. C’est une posture d’humilité aussi puisque cela suppose que tout n’est pas de notre fait et que nous n’avons pas la prescription d’agir coûte que coûte selon une croyance, pourtant bien ancrée en nous, que nous DEVONS répondre/agir/trouver une solution. Au travail, c’est encore plus vrai étant donné les objectifs qui sont attendus et les défis à relever sans cesse. L’acceptation nous invite, à l’inverse, à ne pas se laisser dépasser par ce tourbillon d’injonctions souvent paradoxales et en tout cas anxiogènes si on n’y prend pas garde et que l’on n’y met pas de la distance.
Arthur ASHE, le grand joueur de tennis américain, disait : « commence là où tu es, utilise ce que tu as, fais ce que tu peux ». C’est bien la posture à tenir pour ne pas se laisser envahir par une charge mentale inconsidérée.
Face à un événement, je vous conseille d’appliquer la méthode ARCO pour précisément ne pas tomber dans le travers de l’impulsivité et de l’action déconcertée et compulsive :
- A comme accueillir et autoriser les sensations corporelles qui surgissent à cet instant sans les juger et sans chercher à les faire disparaître par la fuite ou le combat systématique
- R comme reconnaître la ou les émotions présentes (la tristesse, la colère, la surprise, le dégoût le plus souvent)
- C comme comprendre ce qui provient de mon état d’esprit, de ma vision interprétative de l’événement, souvent en lien avec des événements passés qui ressurgissent à l’occasion de ce qui se passe dans le présent
- O comme objectiver en faisant tout d’abord le tri entre ce qui s’est réellement produit et ce qui provient de mon transfert avec des phénomènes du passé puis en identifiant ce sur quoi je peux interagir ou pas pour vivre et traverser l’événement le plus positivement possible, sans interférence avec ce qui dépend de l’autre et de sa responsabilité
Cette méthode, en la décortiquant ainsi, permet de se poser et de déconstruire ce qui se passe étape par étape sans emportement et crise émotionnelle défavorable pour soi et sa relation à l’autre. Notre équilibre est alors préservé.
Vous voyez que l’interprétation des faits joue un rôle essentiel en ce qu’elle assombrit fortement la scène et la colore d’une subjectivité qui n’aura aucun bénéfice. La subjectivité est le propre de l’homme. C’est ainsi. Mais on n’est pas tenu de rester sous son emprise et il est toujours possible d’entrevoir la réalité de l’autre faute de la comprendre. Notre façon d’y répondre ou pas sera toute différente si l’on a pris ce temps de réflexion.