J’ai appris, il y a seulement quelques mois, que je faisais partie de la catégorie des hypersensibles, comme une personne sur 5, en France. Et cela m’a chamboulée fortement. Je vais vous expliquer pourquoi.
Tout d’abord, qu’est-ce que l’hypersensibilité ?
C’est une prédisposition émotionnelle à ressentir de façon plus forte que la moyenne de nos autres congénères tout ce qui nous entoure. Cela peut être par une exacerbation de nos 5 sens comme par une sensation plus aiguisée d’éprouver les émotions qui traversent tout être humain (que ces émotions soient orientées vers nous-mêmes comme la peur, la tristesse, ou vers les autres, comme l’empathie, la compassion, la joie, la colère).
Dans tous les cas, ce n’est pas simple à vivre au quotidien parce que le sentiment est de ne pas être compris tellement les sensations sont ressenties de façon bien plus forte que « la normale ». C’est comme si le curseur du volume était monté plus haut sur notre machine à penser et à s’émouvoir que celle dont les autres sont dotés.
Mais, la bonne nouvelle est qu’après en avoir accepté l’idée et le principe (il n’y a pas de moyen de sortir de cette hypersensibilité), cela devient une force et même, d’une certaine manière, un super-pouvoir !
Comment ?
L’hypersensible démultiplie ses capacités émotionnelles, ce qui fait de lui un interlocuteur empathique et bienveillant, à l’écoute naturelle et pétri d’une volonté de comprendre avant d’être compris. Nous avons là toutes les qualités « douces » d’un manager en mesure de devenir le leader de ses équipes. Ce sont les « soft skills » telles qu’elles sont recherchées à présent dans l’entreprise. Il est créatif et sait emmener ses équipes vers une vision.
Le manager hypersensible est prioritairement guidé par ce que lui dit son cœur : c’est la relation qui compte pour lui ; il a besoin de ressentir ce qui l’entoure. En général, au travail, la tête est plus volontiers mise en avant car on cherche à comprendre, à analyser. La différence réside précisément à ce niveau.
Que recherchent les collaborateurs aujourd’hui dans l’entreprise ?
Les études le démontrent toutes : c’est l’alignement, l’épanouissement professionnel et des relations authentiques et sereines. Cette vision donne toute la place à l’hypersensible pour être lui-même et aller vers son identité propre, sans cacher sa spécificité, mais au contraire, en la mettant en avant. Un manager sincère qui sait être à découvert avec ses forces et ses failles est le meilleur exemple pour une équipe qui pourra, à son tour, grandir en développant ses potentiels réels, sans chercher à « montrer » et à jouer un rôle social qui lui aura été assigné.
Les messages contraignants du « sois fort » ou « sois parfait », qui mènent trop souvent la danse au travail, tombent par eux-mêmes face à une clarté des rôles confiés et à une relation assainie entre le supérieur hiérarchique et les équipes. A quoi bon s’inventer un « personnage » à l’entrée au bureau si ce n’est pour bomber le torse et faire bonne figure en toutes circonstances ? Cette pièce ne se joue plus, ou, en tout cas, de moins en moins dans les entreprises, et c’est une bonne nouvelle !
Lorsque l’on manage avec authenticité en étant soi dans son entièreté, on a plus de chance de créer des relations ouvertes avec ses collaborateurs, plus horizontales et nourries de confiance. Le travail hybride tel qu’il se conçoit maintenant nécessite une telle lecture puisque les positions hiérarchiques se diluent par la force des choses et par la disparition de l’espace commun, source d’un rapport vertical tel qu’on le connaissait. Le management par objectif devient le principe et le mode d’organisation viable à distance.
Par conséquent, le manager hypersensible a toute sa place et se qualifie même pour être LE leader de demain (dans un futur proche) parce qu’il aura, par nature, la panoplie des qualités humaines attendues pour un monde du travail plus apaisé et flexible. Lui-même étant sensibilisé par ses propres émotions, capable d’une forte introspection, il est le plus légitime à reconnaître, comprendre et supporter (au sens anglais du terme) les émotions de ses équipes.
Je finirais par une citation de Baudelaire : « La sensibilité de chacun, c’est son génie ».