Parmi les composantes de l’intelligence émotionnelle, la confiance en soi se trouve en tête des qualités à développer. Si elle est directement orientée vers soi et pourrait être considérée comme une qualité totalement égoïste, elle a en réalité des impacts directs sur sa relation à l’autre et sur l’interaction au travail. Comme le disait Goethe : « si tu as confiance en toi-même, tu inspireras confiance aux autres ».
La confiance en soi n’est pas innée ; elle s’apprend et se développe tout au long de la vie. Elle n’est pas permanente non plus ; c’est un sentiment fluctuant qui peut varier selon les circonstances en raison de son lien avec nos capacités à croire en notre faculté d’accomplir une action, le plus souvent, nouvelle, qui nous sort de notre zone de confort. Elle est par conséquent fondée sur l’image que l’on a de nous-même. Cette image est souvent celle que nos parents ont, originellement, porté sur l’enfant que nous étions. L’enfant qui a été soutenu et a reçu des compliments de la part de son entourage familial a appris à se dépasser, à grandir confiant de ses capacités à apprendre de nouvelles choses et à surmonter les obstacles qui pourraient barrer son chemin. C’est la confiance du bébé qui se met sur ses 2 jambes et qui apprend à marcher. Chaque chute ne l’empêche pas de se relever et de saisir une nouvelle occasion d’y arriver. Il est aidé par ses proches qui sont convaincus de sa capacité et le lui font savoir en l’encourageant et en ne l’alertant pas plus que de besoin sur les dangers environnants. C’est ça la confiance en soi. C’est connaître ses forces, oser les mettre en œuvre en fonction du contexte, tout en ayant conscience des limites éventuelles sans en être paralysé pour autant.
Dans le monde professionnel, cette qualité est mise à rude épreuve car nombre de situations se présentent pour ébranler notre confiance en nous et nous éloigner de notre satisfaction personnelle. Vous rédigez une note très étoffée qui vous semble répondre à la demande de votre supérieur. Vous y avez pris du temps. Et, finalement, celui-ci vous indique qu’elle n’est pas complète, qu’elle est mal rédigée etc. Il est tentant de se fustiger en remettant en cause ses qualités rédactionnelles. Or, c’est l’occasion au contraire d’affermir son estime de soi en ajoutant une corde supplémentaire à son arc et de convenir que l’on sera meilleur lors de la prochaine sollicitation. Pour augmenter sa confiance en soi, il est en effet recommandé de multiplier les expériences, d’en faire le bilan objectif (un feed-back personnel des points positifs et des côtés moins agréables) et d’en célébrer les réussites. La confiance ne se construit pas uniquement sur des victoires totales mais aussi sur ce qui n’a pas fonctionné pour, en toute bienveillance, revenir dessus et apprendre sur soi.
Frédéric FRANGET, médecin et auteur de « Oser : la thérapie de la confiance en soi », décrit l’existence d’un triangle de la confiance en 3 niveaux.
- A sa base, l’estime de soi, qui correspond à l’opinion générale et à l’image que l’on a de soi-même. C’est la petite voix qui nous parle et qui nous dit : « je suis nul(le), je n’y arriverai pas » ou au contraire « je suis la/le meilleur(e), je vais réussir ». C’est notre coach personnel et c’est par lui que tout commence.
- Au milieu, nous avons la confiance en soi qui se développe à travers les compétences personnelles acquises à l’occasion de toutes nos expériences nouvelles (sauter en parachute, conduire une voiture ou une moto, jouer de la guitare etc. Elle est totalement liée aux pensées positives et au regard bienveillant que nous posons sur nous.
- Tout en haut du triangle, se trouve l’affirmation de soi, qui est l’accomplissement et l’application effective des 2 1ères qualités auprès des autres. Elle concerne donc nos compétences relationnelles et le développement de notre aisance à interagir, à la prise de parole en public, au management d’équipes etc.
Nous voyons bien que les émotions sont encore très présentes dans la construction des 3 étages car, pour passer de l’un à l’autre, et atteindre l’affirmation et l’accomplissement de soi, qui est aussi le dernier niveau de la pyramide de Maslow, il est essentiel de commencer par savoir sortir de sa zone de confort. Or, on ne peut y parvenir que si on ose être soi-même avec toute notre incomplétude, que si on est à l’écoute de nos ressentis et des réactions de notre corps dans toutes les circonstances nouvelles. Nous avons déjà vu, dans de précédents articles, que cultiver nos émotions est une meilleure posture que les contrer ou les inhiber. Pour cela, la méditation est la meilleure méthode que j’ai trouvée pour y parvenir. Sur ce sujet, une guidance spécifique à la confiance est en ligne sur ma chaîne youtube Emotions-et-solutions.
Le manque d’estime et de confiance en soi fait souvent obstacle à la réussite, et se traduit parfois par une incapacité à passer à l’action. Or, être paralysé et coincé dans l’immobilisme va renforcer ce sentiment de déconsidération et de mésestime de soi. C’est le serpent qui se mord la queue. Il s’agit d’un mécanisme inconscient que nous mettons en
place pour nous protéger de la peur de l’échec : ne plus rien oser de nouveau nous maintient dans un bain artificiel de bien-être. Ne plus rien risquer nous évite de nous tromper.
Pourtant, ce phénomène bien connu de retour au pilote automatique est totalement délétère à moyen terme : dépréciation de soi assurée. Sénèque nous rappelle bien que « ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ».